Le traumatisme de 1870
L’instrumentalisation de l’école
(deuxième partie)
L’Oublié ! Émile
Betsellère, 1872 (musée Bonnat-Helleu)
La tentative de « militarisation » de l’école
portée par Ernest Lavisse et Jules Ferry échouera. Comme l’a dit Olivier Loubes,
« La
Troisième République n’est pas Sparte (..) oui à la fabrique de citoyens, non à
la fabrique de soldats » (in Le patriotisme
dans l’école en France). Après 1870, le souvenir de la dernière guerre
« napoléonienne » est encore vif, mais, peu à peu, les parents d’écoliers
veulent plus protéger les enfants de la guerre, que faire de l’école une
fabrique à soldats, ce qui, pour eux, est un nouveau critère de dictature. À
partir de 1890, l’opinion publique se prononce contre les bataillons scolaires
qui vont disparaître du temps scolaire au bénéfice d’une instruction
militaire prise en charge par des
sociétés de tir extérieures à l’école primaire (1). Elle ne concernera plus tard, que des garçons en âge d’avoir
une préparation militaire. Parallèlement, le mot revanche disparaît du Petit Lavisse, manuel d’histoire le plus
répandu, sa célèbre maxime « comme les soldats battus de Crécy ont été vengés par
leurs fils, vous vengerez vos pères vaincus » n’est plus. L’auteur supprime ce thème mis en exergue dans
ses ouvrages de 1875-1876, en martelant, malgré tout, la responsabilité
prussienne…